La vie de Ladislas Kijno
- delphine890
- 10 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mars
"La peinture est un métier qui tue.
D’une façon ou d’une autre il faut y laisser sa peau."
Ladislas Kijno
Le ton est donné, l'art de froisser l'âme.
L'Art de froisser l'âme
L'artiste peintre Ladislas Kijno, naturalisé français à l’âge de 4 ans, nous laisse un héritage artistique empreint d'âme et de poésie. Son parcours atypique, marqué par des rencontres décisives et une exploration artistique audacieuse, l'a amené à créer des œuvres singulières : papiers froissés, vaporisation, forme ovoïde, sphéroïdes, icônes…
De l'enfance à la maturité artistique
L'enfance de Kijno est le point de départ de sa relation intime avec l'art. Son père l’aurait souhaité musicien, à son image, mais dès ses jeunes années, il dessine et peint avec une passion dévorante. De sa famille franco-polonaise, il garde le souvenir d’un environnement qui nourrit sa créativité.
L'influence déterminante de Germaine Richier
Lorsqu'il croise le chemin de Germaine Richier en 1947, Ladislas Kijno reçoit un conseil qui va façonner sa destinée artistique. Sous son influence, il abandonne son métier de professeur de Philosophie et prend la décision de se consacrer corps et âme à la peinture, en intégrant son atelier. C’est un véritable tournant, lui
permettant d’embrasser son identité d'artiste avec une détermination renouvelée.
Le Sacré et la Magie à travers les toiles
"L’univers est en expansion courbe ; l’énergie, la matière sont symboliquement comme une boule" - Ladislas Kijno
L'année 1949 marque un tournant avec la création de "La Cène" pour l'église d'Assy. Cette expérience fait basculer sa peinture vers des dimensions plus profondes et spirituelles, imprégnées de sacré et de magie. Les formes sphéroïdes et ovoïdes qu'il affectionne, influencées par le symbole de l'œuf, prennent une dimension abstraite et mystique, transmettant des émotions profondes à travers la toile.
La technique innovante du froissage
"L’enfant naît froissé, l’adolescent devient lisse, le vieil homme meurt froissé." - Ladislas Kijno
L'une des contributions les plus marquantes de Kijno à l'art est sa technique de froissage, qu'il a développée dans les années 1950. Cette méthode unique consiste à froisser le papier pour créer des textures et des motifs qui ajoutent une dimension tactile à ses œuvres. Reconnu sur la scène internationale pour avoir développé cette technique, c’est à la Biennale de Venise, en 1980, lors de sa présentation au Théâtre de Néruda qu’elle atteint son apogée.
Un artiste engagé et innovant
Kijno a façonné une œuvre expérimentale aux multiples facettes, inspirée par la poésie, le voyage et l'engagement.
Sa mise en place formelle des "Signes premiers", "Écritures blanches", "Balises", "Icones", "Chocs" et "Spéléologies mentales" reflète la diversité et la profondeur de son exploration artistique. Son travail en collaboration avec l'artiste Robert Combas a également enrichi son parcours artistique, et donné lieu à des chefs d’œuvre comme « Le Chemin de Croix ». De façon générale, son engagement, notamment auprès d'Angela Davis, ses découvertes de la Chine et de l'Océanie enrichissent également son œuvre.
L'évolution de la forme et l'héritage durable
La forme ronde, symbolique de l'œuf et de la boule sphérique chère à Cézanne, est devenue caractéristique du travail de Kijno. Cette forme distinctive est restée une marque indélébile de son héritage artistique. Sa manière d'utiliser la vaporisation dans son art lui a même valu d'être considéré comme le père spirituel français du street-art, témoignant de son impact novateur dans des domaines artistiques variés.
Un adieu émouvant
Ladislas Kijno nous a quittés en 2012, mais son héritage artistique continue de résonner à travers ses œuvres. Ses explorations audacieuses, sa créativité débordante, sa modernité, son engagement et ses collaborations exceptionnelles en font un artiste dont l'impact transcende le temps et continue d'inspirer ceux qui cherchent à découvrir la profondeur de l'âme humaine à travers l'art.